Conférence du vendredi 4 février 2022 : Alexandra Schwartzbrod - Libération et le conflit israélo-palestien

Alexandra Schwartzbrod est directrice adjointe de Libération. Elle a été journaliste aux Échos et est entrée à Libé en 1994.  Elle e été correspondante du journal à Jérusalem de 2000 à 2003. Elle est aussi essayiste et romancière. Elle a publié notamment une trilogie, Balagan, Adieu Jérusalem et Les Lumières de Tel-Aviv.

La création d’un État Palestinien, un rêve impossible ?
« Je note l’impuissance des diplomates. Le processus de paix fait naître des espoirs remis en question par des attentats, de par et d’autre.  Sur le terrain, lors de la deuxième Intifada, j’ai vu une colère sourde dans toute la Cisjordanie, avec des gamins très jeunes (8 -10 ans) armés de pierres et ensuite militarisés »

La colonisation et la construction du mur
La colonisation ne cesse de grignoter les territoires palestiniens, créant des discontinuités dans les territoires de Palestine, avec de nombreux check-points contrôlés par les israéliens.  C’est tout un système qui est mis en place par les colons israéliens, avec des routes, des écoles, des stations-services...interdites aux palestiniens. La construction du mur a repoussé le problème palestinien pour la plupart des israéliens, accentuant un peu plus le gouffre entre ces deux peuples. Ici, on s’accorde pour dire : Balagan ! (en hébreu, le foutoir!)»

Libé est-il un journal pro-palestinien ?
« Pendant 3 ans, j’ai été beaucoup sur le terrain, mesurant à chacun de mes reportages l’injustice et la souffrance du peuple palestinien. J’ai ressenti beaucoup de sensations physiques et aussi beaucoup de colère. Pourtant Israël est un pays incroyable où cohabitent de multiples cultures. Je suis très critique de la politique des gouvernants d’Israël. La culture Israélienne est riche mais engendre des dirigeants médiocres...et ce n’est pas mieux côté palestinien ! »
 
4 janvier OM

Quel espoir pour ce conflit ?
« Les diplomates parlent d’un conflit de basse intensité. Cela ne fait pas la Une des médias. L’espoir peut reposer sur l’émergence de nouvelles générations d’Israéliens et de Palestiniens plus ouverts les uns vers les autres. Dans les années à venir, la diaspora des juifs américains va-t-elle continuer à soutenir le gouvernement israélien ?  La jeune génération de juifs américains ne se sent pas de réelles connexions avec le gouvernement israélien»

Peut-on parler d’apartheid en Israël ?
« Plusieurs ONG, dont Amnesty International, parlent d’apartheid. Leurs rapports font état de discriminations majeures, notamment sur le plan de la santé ou sur la gestion de l’eau par Israël. On le constate aisément avec le Jourdain qui est devenu un tout petit ruisseau. Si l’on peut parler d’apartheid dans les territoires occupés, les palestiniens d’Israël (ils représentent 20 % de la population d’Israël) sont plutôt intégrés dans la société israélienne, même s’ils sont considérés et se sentent comme des citoyens de seconde zone ».

Au cours de sa conférence, Alexandra Schwartzbrod a invité les participants à se rendre en Israël et en Palestine pour mieux comprendre l’état de ce conflit, et notamment la colonisation.
Patrice Saint André
Mis à jour le 22 mars 2022.